Si Frison Roche et Isabelle Eberhart, entre autres, ont enchanté mes jeunes années , il restait à découvrir en vrai ce que peut être le désert. Quand l’occasion s’est présentée,  il n’y a eu qu’à la saisir. C’est ainsi que mes pieds ont parcouru ce territoire rêvé et que les mots lus sont devenus matières: erg, reg et fesh fesh; rencontres : avec les autres membres de la caravane : voyageurs,  caravaniers et chameaux, mais aussi avec la vie végétale, animale et les restes oubliés de villages abandonnés; gestes : ceux bien rôdés de la répartition du bât , chargement et déchargement comme un rituel essentiel; l’allure juste au pas des chameaux métronomes, avec ces échappées belles où l’on se retrouve vite seul au bord d’une immensité dans laquelle les repères paraissent mouvants et si ténus, le choix du lieu abrité pour un bivouac sécure qui prend en compte les besoins des vivants, hommes et chameaux, le ramassage du bois, le montage du camp, la cuisine dans le désert (A cet égard,  nous avons été reçus comme des pachas!); sensations : l’écho des conversations à l’autre bout de la caravane, les grains de ce sable si fin s’écoulant entre les doigts, mais aussi projetés  sur le visage par les vents fouetteurs, l’éclat de la lumière du levant, le crépuscule onctueux enluminé par les flammes claires du feu de camp, la couverture étoilée qui préside à des nuits magiciennes, un autre rapport au temps…Le désert, c’est une façon de vivre avec les éléments où l’on se mesure avec sa petitesse d’être humain, mais aussi dans la qualité de l’humanité partagée au quotidien. C’est retrouver l’essentiel et le saisir avec joie. Epuré mais dense. Le retour est la deuxième partie du voyage, là où tout prend relief…

Isabelle